Philippe Mongin, Dr.
Directeur de recherche
Centre national de la recherche scientifique, Paris
et Professeur à l'École des hautes études commerciales, Jouy-en-Josas
Born 1950 in Marseille; passed away in 2020 in Paris
Etudes de philosophie à l'Ecole normale supérieure et de sciences économiques à l'Université de Cambridge (G.B.) et à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, Paris
Project
L'économie théorique ou le sens commun magnifié
L'économie en tant que discipline (« économie politique », « science économique », political economy, economics, Volkswirtschaftslehre, Wirtschaftswissenschaft) a fait l'objet d'abondantes études critiques, relevant pour partie d'elle-même, pour partie des autres sciences sociales et pour partie de l'histoire et de la philosophie des sciences. Le projet reprend, mais réoriente cette tradition de questionnement. Il fait de l'élaboration théorique un trait différenciant de la discipline à l'intérieur des sciences sociales, ce qui suppose au préalable d'avoir construit une notion philosophique de théorie qui puisse s'appliquer comparativement. En accord avec cette option, le projet se fixe sur l'économie néo-classique dans sa phase de maturité, donc au-delà de ses débuts chez Walras, Marshall et Pareto, celle, plus précisément, qu'illustrent les traités de Hicks (1939), de Samuelson (1947) et, aujourd'hui, de Mas-Colell, Whinston et Green (1995). Il y rattache l'économie de l'information, qui est toujours en développement, certaines parties de la macro-économie contemporaine, et tout ce qui, dans la théorie de la décision et des jeux, est venu enrichir les conceptions néo-classiques de l'agent rationnel et de l'équilibre de marché.Le projet tend vers plusieurs thèses dont il s'agira d'éprouver la solidité au cours de la recherche. En premier lieu, la théorisation économique procède contradictoirement à l'égard du sens commun, d'une part, en y enracinant ses concepts techniques, d'autre part, en rompant avec lui, chaque fois que les exigences théoriques, et en particulier celles de la formalisation mathématique, prennent le dessus. Il en résulte une dialectique dont il faudra suivre le mouvement sur des exemples pris dans le corpus. En second lieu, et de façon cohérente avec son origine, la théorisation économique recourt massivement à des concepts évaluatifs, ceux de l'agent rationnel et de l'équilibre de marché tombant sous ce chef. En troisième lieu, malgré le pessimisme affiché par la philosophie à l'égard de la psychologie du sens commun (folk psychology), supposée inaméliorable, la théorisation économique manifesterait qu'il est possible de progresser par rapport à sa base triviale. En quatrième lieu, c'est par l'ensemble de ces traits, et non par une pertinence empirique qu'elle n'a malheureusement pas, que l'on peut expliquer le succès mondain de la discipline, et la singularité persistante qui conduit les gouvernants d'Etats et d'entreprises à choisir des économistes comme conseillers du prince.
Lecture recommandée :
Mongin, Philippe. « Value Judgments and Value Neutrality in Economics. » Economica 72 (2006) : 257-286.
- (avec C. d'Aspremont). « Utility Theory and Ethics » dans Handbook of Utility Theory, édité par S.Barberà, P. Hammond et C. Seidl, 371-481. Dordrecht : Kluwer, 1998.
-. « Modèle rationnel ou modèle économique de la rationalité ? » Revue économique 35 (1984) : 9-64.
Colloquium, 23.02.2016
Theoretical economics - a philosophy of science approach
Economists have long enjoyed privileged relations with power. Not only are they present within or exert influence on the State, they also intervene in society via multiple channels which are less easy to identify. Today, a small volume of sociology literature seeks to describe these numerous workings and goes as far as making denunciatory comparisons of economics and its less well-off sisters from the social sciences. This literature fails to take into account some essential characteristics of the discipline, in particular the existence of a theoretical component that is both highly developed and singular in nature.
We will endeavor to demonstrate not in this paper itself, but by the end of the project, that these two traits of theoretical economics reveal a great deal about the political and social role of economists. The project design consists of two parts, only the first of which will be outlined here. This first part entails examining the internal structure of theoretical economics whereas the second will seek to show how theoretical economics relates to the world, certainly by means of a confrontation with experience and technical application but also via less obvious articulations like the generation of value judgements and the material embodiment into artefacts.
For the overall orientation of the first part, we will draw on different ideas pertaining to scientific theories. We will point out precisely how general equilibrium theory, which helps to shore up current theoretical economics, may bear a definite resemblance to a scientific theory. We will stress the leading role of mathematics by identifying several functions it assumes with regard to scientific theories in general. We will set out a few possible criteria for conceptual or theoretical progress in contrast to empirical progress, something which the philosophy of science stresses more consistently.
Assuming that these reflections come to fruition, they will still not be able to settle the question of whether economics is scientific or is more scientific than its sister disciplines. Finding an answer to this question involves examining the relation to experience, for example in accordance with known philosophical criteria for the demarcation between science and non-science.
The relatively extensive mathematization of current theoretical economics renders it perplexing for the layman. Consequently, we have decided to develop the ideas of this paper in a historical manner by focusing on two great economists of the past, Ricardo (1772-1823) and Walras (1834-1910). The first is the leading theorist of the classical English school which dominated the beginning of the 19th century, the second is one of the founding fathers of the neoclassical school that emerged towards the end of the 19th century, and has continued to be the dominant force on the international stage up to the present day. Walras is the inventor of general equilibrium theory and we will introduce the main theses of this paper by comparing his theory with the cost-of-production theory once advanced by Ricardo.
Publications from the Fellows' Library
Mongin, Philippe (Berlin, Heidelberg, New York, 2019)
Social preference under twofold uncertainty
Mongin, Philippe (Berlin, Heidelberg, 2019)
Analytic narratives : what they are and how they contribute to historical explanation
Mongin, Philippe (2018)
Mongin, Philippe (2017)
Bref addendum sur la "conception expérimentale de la rationalité"
Mongin, Philippe ([S.l.], 2016)
What Are Analytic Narratives? HEC Paris Research Paper ; No. ECO/SCD-2016-1155
Mongin, Philippe (Abingdon, 2015)
Choice-based cardinal utility : a tribute to Patrick Suppes z
Mongin, Philippe (2012)
Waterloo ou la pluralité des interprétations
Mongin, Philippe (Paris, 2012)
Les risques majeurs et l'action publique : rapport Les rapports du Conseil d'Analyse Economique ; 105
Mongin, Philippe (Paris, 2012)
La protection du consommateur : rationalité limitée et régulation ; rapport Les rapports du Conseil d'Analyse Économique ; 101
Mongin, Philippe (Paris, 2011)
Valoriser le patrimoine culturel de la France : rapport Les rapports du Conseil d'Analyse Économique ; 97