2011/2012

Bénédicte Zimmermann, Dr.

science politique, Directrice d'étude

École des hautes études en sciences sociales, Paris

Née en 1965 à Mulhouse, France
Études d'histoire et de science politique à l'Université Paris I et à l'Institut d'études politiques de Paris

Project

Travail, flexibilité et constitution du social

Mes recherches récentes traitent de la flexibilité au travail à partir de trois angles: la sécurité et la liberté, les principes de justice et d'organisation collective, et l'expérience du travail. La flexibilité introduit des considérations de liberté dans la manière de concevoir le travail, dont les effets se répercutent à différents niveaux : sur l'action économique, sur l'organisation sociale et les dispositifs d'action publique, enfin sur le vécu du travail et la manière dont il imprègne les expériences individuelles et collectives. Si pour l'entrepreneur, la liberté signifie liberté d'entreprendre, elle signifie pour le travailleur, la liberté de travailler. C'est sur cette deuxième facette de la liberté, au principe d'une flexibilité à double sens digne d'être valorisée aussi bien par les salariés que les entrepreneurs, que se concentrent mes recherches.
Se pencher sur la liberté du travail implique de considérer non seulement l'activité de travail et les conditions de sa réalisation, mais encore les interactions du travail avec la vie privée et familiale, avec les formes d'engagement des personnes à l'intérieur et hors de l'entreprise. C'est en adoptant l'approche par les capacités (capabilities) développée par A. Sen que je thématise la liberté au travail. Cette approche oriente l'analyse vers la latitude de choix qui s'offre aux salariés, leur pouvoir d'agir, et les principes de justice qui les sous-tendent. Mon séjour au Wissenschaftskolleg sera l'occasion de confronter les résultats d'une recherche que je viens de mener sur les capacités des salariés dans les entreprises françaises en matière de formation continue et de développement professionnel, à la situation dans les entreprises allemandes en ces matières. Il s'agira de développer par ce biais une histoire croisée des recompositions contemporaines du travail en France et en Allemagne en se donnant comme fil conducteur l'étude des capacités des salariés dans des environnements flexibles.

Lecture recommandée :

Zimmermann, Bénédicte. Ce que travailler veut dire. Une sociologie des capacités et des parcours professionnels. Paris : Economica, 2011. (Etudes sociologiques.)
- (avec Michael Werner). " Beyond comparison: Histoire croisée and the challenge of reflexivity. " History and Theory 45, 1 (2006): 30-50.
- La constitution du chômage en Allemagne : Entre professions et territoires. Paris : Éd. Maison des Sciences de l'Homme, 2001. (Traduction allemande, Campus, 2006.)

Colloquium, 20.03.2012

Work, Working Lives, and Social Policies. How critical can sociology be?

The relationship between people and work is undergoing substantial changes in European countries because of the combined effects of a series of structural impulses. Though they are most often incriminated, economic factors - market globalization and financialization and the resulting increasing requirement for flexibility - are not the only drivers of these changes. Political factors such as the modernization of the welfare state should not be underestimated. They institute a new normative and moral framework making the active and responsible enterprising self a core figure providing a model upon which people are called to organize their working life, or life tout court, and make sense out of it.
My last book Ce que travailler veut dire. Une sociologie des capacités et des parcours professionnels deals with the constitution of such a normative and moral framework in France. In this framework, the paradigm of "employment security", considered to be too passive, has to make way for the "securing of individual pathways through employability", which is expected to be more active. I searched for the forms of implementation and translation of these new institutional prescriptions on the company level (the work place is the privileged place where people can develop their employability) and studied their effects on individual pathways. Based on qualitative fieldwork in different sectors and companies, the approach aimed at confronting institutional semantics (the public policy level), which designs how things should be, with the outcomes its implementation (the company level) actually produces for people whose livelihoods are wage-dependent (the biographical level).
My aim is not to present the book, but to reflect upon how critical sociology can be while addressing such issues in such a way. Is the sociologist enjoined to choose sides between aseptic and critical sociology (Rioux, 1969)? Or is the mere act of highlighting contradictions and gaps between institutional prescriptions and the means people have at hand to fulfill them, as well as describing inequalities and social troubles, already intrinsically a critical stance?
In a first step of my presentation, I will discuss the critical potential of a multi-level analysis, stemming from the research design. I will situate such analysis, on the one hand, with regard to the chances to undertake any value-free science and, on the other hand, with regard to critical sociology that relies on an external, normative standpoint. In a second step, I will give an insight into the analytical perspectives opened up by an approach focusing on the interactions between institutions, organizations, and individuals on issues such as freedom, responsibility, and professional development.