
Leyla Dakhli, Dr.
Chargée de recherche
Centre d’histoire sociale des mondes contemporains, Aubervilliers
Née en 1973 à Tunis
Licences d’histoire, d’arabe et de géographie et Master d’histoire, Université Paris IV ; Doctorat en histoire, Université d’Aix-Marseille
Project
Les révoltes postcoloniales en Méditerranée du sud, une histoire de la dignité
Mon séjour sera l’occasion d’écrire un livre sur l’histoire des révoltes et révolutions en méditerranée du sud. Il s’agit de l’écrire à partir des révolté·e·s en s’interrogeant sur la place de la revendication de dignité (en arabe : karama) dans ces mobilisations. Le questionnement sur la dignité est une manière de penser la révolte dans toutes ses dimensions, à la fois matérielle et spirituelle, intime et publique.Je souhaite suivre l’idée selon laquelle la révolution ou l’envie de révolution est une affaire de franchissement de seuil et, ce faisant, pose la question des périmètres du tolérable et de l’intolérable.
C’est d’abord une histoire des territoires. Les mondes sociaux des villes postcoloniales portent en eux d’autres territoires, lieux où a commencé un exode récent, lieux des attaches familiales, etc. La réflexion sur la dignité nécessite de faire retour sur l’expérience modernisatrice qu’ont connue les États postcoloniaux et sur les ruptures produites par cette modernité pourtant porteuse de nombreuses promesses d’émancipation.
Je porterai ensuite mon attention sur les transformations qui touchent le langage. Pour ce faire, je souhaite me pencher sur un corpus de chants et de poésies, de slogans et de graffiti.
La religion sera abordée sous la forme de ses signes et de ses modes d’appropriation sociales, sans forcément la rabattre sous la traduction politique islamiste. Aux différentes manières dont elle est affectée par la révolte, s’ajoute une analyse de la dimension sacrée de l’engagement par des rituels, des projections, une eschatologie.
Enfin, la dignité est au cœur de l’histoire des corps révolutionnaires, celle qui s’inscrit en eux et les marque. Ici entre en jeu une réflexion sur la vie révoltée, ce qu’elle induit comme ouverture des corps, comme danse ou comme apaisement des rythmes de vie, mais aussi comme lieu d’exercice de la violence.
Lecture recommandée
Dakhli, Leyla. Une génération d’intellectuels arabes : Syrie et Liban, 1908–1940. Paris : Karthala, 2009.
–. « The Fair Value of Bread: Tunisia, 28 December 1983–6 January 1984. » Dans « When ‹ Adjusted › People Rebel : Economic Liberalization and Social Revolts in Africa and the Middle East (1980s to the Present Day) », édité par Leyla Dakhli et Vincent Bonnecase, numéro spécial, International Review of Social History 66, n. S29 (April 2021) : 41–68.
–. « Collecting Traces, Documenting Past and Present: How Archiving Became a Way to Open Futures in Contemporary Arab Political Experiences. » Dans « Arab Futures Reconsidered: Historical, Cultural, and Ecological Approaches », édité par Teresa Pepe, numéro spécial, Middle East Journal of Culture and Communication 17, n. 1 (2024) : 90–111.
Colloquium, 25.02.2025
(Un)livable Worlds and Existences in Struggle: Revolts and Dignity in the Southern and Eastern Mediterranean Region, late 1970s until today
Thawrât al-karama – “the revolutions of dignity” – continues to be a salient term that people from Morocco to Syria use to describe decades of political upheaval. Claimed, proclaimed, and chanted, “dignity” was a common refrain that crystallized aspiration, affect, and demands. Analysis of the last decades of political protest and contestation have emphasized the quest for freedom, democracy, and justice, while ignoring or marginalizing the aspiration to and proclamation of dignity.
Dignity has much to teach us. It dismantles the public/private divide, while shedding light on the multiple forms of dispossession that people were subject to, survived, and protested against in authoritarian situations and under (post-)colonial conditions. Dignity also challenges the understanding of the present as marked by the lack or absence of revolutionary possibility and political alternatives, from the structural adjustment policies of the IMF and World Bank (late 1970s-early 1980s) to the present. In exploring the term that protestors used and crafted to narrate decolonial promise and disenchantment, I trace how the “revolts of dignity” shed light on the theories and practices of politics.
Publications from the Fellows' Library
Dakhli, Leyla (Wiesbaden, 2024)
Academics in a century of displacement : the global history and politics of protecting endangered scholars Migrationsgesellschaften
Dakhli, Leyla (London, 2022)
Archiving in an age of (counter)revolutions
Dakhli, Leyla (Cambridge [u.a.], 2021)
The fair value of bread : Tunisia, 29 December 1983 - 6 January 1984
Dakhli, Leyla (Paris, 2021)
Cheminements révolutionnaires : un an de mobilisations en Algérie (2019-2020)
Dakhli, Leyla (Glasgow, 2021)
When "adjusted" people rebel : economic liberalization and social revolts in Africa and the Middle East (1980s to the present day) International review for social history
Dakhli, Leyla (France, 2020)
L' esprit de la révolte : archives et actualité des révolutions arabes
Dakhli, Leyla (Paris, 2016)
Le Moyen-Orient : (fin XIXe-XXe siècle) Points
Dakhli, Leyla (Paris, 2015)
Lectures & Keynotes 11/27/24
