Kasereka Kavwahirehi, Ph.D.
Professeur de littératures francophones
Universität Ottawa
Né en 1969 à Kavingu, République Démocratique du Congo
Études de philosophie, Faculté de philosophie Saint-Pierre Canisius, Kimwenza, et de langues et littératures romanes, Université de Namur, Université catholique de Louvain, et Queen's University, Kingston, Canada
Arbeitsvorhaben
Le roman africain contemporain et la démocratie
L'exploration du lien entre la littérature africaine et la politique a fait émerger deux camps majeurs. D'un côté, ceux qui, réduisant l'oeuvre littéraire à un document sociologique et idéologique, font du romancier un héros de la dénonciation des dictatures, de l'autre, ceux qui tiennent à la spécificité de l'oeuvre d'art littéraire et à son autonomie. Pour ces derniers, l'oeuvre d'art littéraire se prête d'abord et avant tout à une expérience esthétique. Les études qui essayent de réconcilier les deux tendances en repensant le rapport entre esthétique et politique, formes et contexte, afin d'arriver à élaborer une politique du roman africain comme oeuvre d'art et d'en élucider les significations et fonctions sociales sont rares.Ce projet vise à reprendre la question en la situant au niveau théorique approprié et en l'articulant aux défis de l'invention démocratique et du changement social en Afrique. Il s'articule en trois questions : 1. Que peut-on attendre du roman africain en tant qu'oeuvre d'art littéraire, quant au défi de construire une communauté démocratique ? 2. Y a-t-il quelque chose dans le principe et la construction du roman africain qui le prédispose à jouer, par l'entremise de l'expérience esthétique souvent pensée comme l'Autre du politique, un rôle actif dans le processus de l'invention démocratique et du changement social ? 3. Dans le cas d'une réponse positive, comment articuler esthétique et politique, oeuvre d'art et espace social, pour que l'analyse du roman révèle tout son potentiel à la fois esthétique et politique/social?
Pour répondre à ces questions, on analysera des romans africains produits entre 1970 et 2015 à l'aide d'une approche intégrant les théories littéraires et/ou esthétiques et les théories sociales. On montrera que le roman africain qui pointe très souvent les contradictions sociales est à aborder à la fois comme un produit d'une situation sociale qu'il intègre au plus intime de sa structure et une forme d'opposition critique à cette condition contre laquelle il se définit lui-même pour faire sentir à ses lecteurs qu'un autre monde est possible.
Lecture recommandée
Kavwahirehi, Kasereka. Y'en a marre ! Philosophie et espoir social en Afrique. Paris : Karthala, 2018. (coll. Hommes et sociétés.)
-. Le prix de l'impasse : Christianisme africain et imaginaires politiques. Bruxelles et al. : Lang, 2013. (coll. Documents pour l'histoire des francophonies.)
-. V. Y. Mudimbe et la ré-invention de l'Afrique : Poétique et politique de la décolonisation des sciences humaines. Amsterdam, New York : Rodopi, 2006. (coll. Francopolyphonies 4.)
Kolloquium, 05.02.2019
La critique sociale dans le roman francophone
Après le succès des romans dits de la dictature ayant émergé vers la fin des années 1970 et celui des romans dits de la migritude, qu'on pourrait aussi appeler afropolitains (1990-2010), un nouveau type de roman a fait son apparition sur la scène littéraire. Il ne s'attarde pas sur les turpitudes des Pères de la nation et ses personnages ne vont plus explorer le lointain qui s'est invité dans le quotidien. Écrit par des jeunes nés pendant les turbulences des transitions démocratiques, ce roman donne la parole aux gens ordinaires et peint la vie quotidienne. Il s'engage dans une lecture subtile de l'histoire des États africains depuis la Conférence de Berlin pour comprendre le présent tout en révélant les contradictions de la mondialisation. En l'absence d’une théorie sociale qui serait l’oeuvre des philosophes ou des sociologues, le roman pousse le plus loin possible sa fonction de critique de la société et de mise au jour des pathologies sociales que cachent les discours flatteurs des agents du capitalisme mondialisé (le FMI, la Banque mondiale) sur les taux de croissance positifs des pays africain. La présentation portera sur trois romans représentant cette dernière catégorie, à savoir "Les mathématiques congolaises" (2012) (et "Congo Inc. Le testament de Bismarck" (2014)) de Jean Bofane, "Généalogie d'une banalité" (2015) de Sinzo Aanza et "Tram 83" (2014) de Fiston Mwanza Mujila.
Publikationen aus der Fellowbibliothek
Kavwahirehi, Kasereka (Bruxelles, 20132013)
Le prix de l'impasse : christianisme africain et imaginaires politiques Collection documents pour l'histoire des francophonies ; No. 35
Kavwahirehi, Kasereka (Paris, 2018)
Y'en a marre ! : philosophie et espoir social en Afrique
Kavwahirehi, Kasereka (2015)
Reconstruire la philosophie africaine : à la recherche des lieux d’ancrage d’une pensée du futur
Kavwahirehi, Kasereka (2011)
Kavwahirehi, Kasereka (Amsterdam [u.a.], 2006)
V. Y. Mudimbe et la ré-invention de l'Afrique : poétique et politique de la décolonisation des sciences humaines Francopolyphonie ; 4